Fin novembre 2024 s’est tenue à Tunis la restitution finale de la mission de Diagnostic des Organisations professionnelles agricoles (OPA) féminines tunisiennes, réalisée pour le projet EFOR par ACK International.
Une quarantaine de participants venus du MARHP (Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche) – BAFR, DGFIOP, du MFFEPA (Ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes Agées), de l’APIA mais aussi ONU Femmes, FAO, des ONG/projets de développement (Democracy International, projet NASSEEJ, PROJET Greenovi), des structures de microfinance (ENDA Tamweel, Microcred), des personnes ressources ainsi que l’équipe du projet EFOR, étaient présents pour l’occasion.
Le projet Emancipation des Femmes et des Organisations Rurales (EFOR) a été lancé en mars 2023, au niveau des trois gouvernorats de Béja, Kasserine et Gafsa, avec pour objectif d’améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes dans le secteur agricole en Tunisie, au travers d’un appui multidimensionnel au bénéfice des dynamiques d’émancipation économique des femmes agricultrices.
Financé par l’AFD (4,5 millions d’euros alloués sur 4 ans) et mis en œuvre par Expertise France, sous le pilotage du MARHP (Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche) et du MFFEPA (Ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes Agées), le projet EFOR intervient simultanément aux niveaux micro (hommes/femmes/ménages/OPA/OSC), méso (institutions) et macro (politiques publiques), tout en mettant l’accent sur l’adaptation des agricultrices aux effets des changements climatiques.
L’équipe d’experts mobilisés pour cette mission, composée d’Aziza BEN SAIDANE et Saber BEN MBAREK de Streamline Consulting et de Hatem CHEICK MOHAMED (+Hela ZGHIDI), Taha LABBACI et Marta MORIN-KASPRZYK d’ACK International, est venue présenter les multiples résultats (et livrables) de ce diagnostic réalisé entre novembre 2023 et décembre 2024 auprès de 36 OPA féminines des 3 gouvernorats.
Ce travail participatif s’est basé sur un processus en plusieurs étapes : 1) accompagnement des GDA/SMSA à l’autodiagnostic réalisé par les adhérentes des OPA elles-mêmes, 2) participation des représentantes de ces OPA à des focus groupes sur le changement climatique et la commercialisation, pour 3) co-construction avec les adhérentes du plan d’action de l’OPA. Les résultats du diagnostic ont été présentés suivant les 8 piliers d’analyse de l’OPA : gouvernance, gestion interne, santé et gestion financière, services aux membres, marché/commercialisation, risque climatique, genre, plaidoyer. Sur la base de ces résultats ont été proposées des pistes de recommandations, une première ébauche de plan de renforcement de capacités des OPA et une proposition de critères de sélection des OPA pour la suite de l’accompagnement du projet EFOR.
Les principales recommandations issues de ce diagnostic sont les suivantes :
- Accompagner l’OPA dans son projet de développement en plusieurs étapes : sensibiliser sur l’importance de la dynamique collective au sein de l’OPA et le développement de l’esprit entrepreneurial, raisonner sur les « services » et accompagner le choix de services stratégiques, rémunérateurs et restreints, en se focalisant sur un nombre de produits limités (2-3). Pour cela, prendre en compte i) la volonté des femmes membres et le nombre de femmes concernées, (ii) la disponibilité de la ressource (cf. projections climatiques) et (iii) les opportunités de marché (étude de marché à l’appui).
- Accompagner l’OPA dans le développement de services générateurs de revenus : élaboration d’un plan d’affaire et d’une étude économique du / des services. Pour plus de durabilité, accompagner les OPA pour demander un financement auprès des banques et fonds d’investissement (Prasoc, Adapt, TRACE le cas échéant). Mettre l’accent sur la contribution de l’OPA dans l’investissement (fonds propres représentant 10 à 20% de l’investissement) et sur le statut du matériel qui appartient à l’OPA (et non au projet ou un acteur de tutelle)
- Accompagner l’OPA dans sa connexion au marché et le renforcement du service « marketing » : renforcer la connaissance du marché, prospections commerciales, amélioration de la qualité des produits / respect de la règlementation, développement / création de nouveaux canaux de commercialisation (espaces innovants de vente pour cibler le consommateur final et en se basant sur la digitalisation – page Facebook vente en ligne, E-commerce), mise en place de contrats avec des acheteurs et appui dans l’acquisition de matériel (prévoir un temps de formation des membres sur l’utilisation et l’entretien du matériel, accompagner les femmes sur 2-3 cycles de production.
Cette mission s’est déroulée en paralèlle du diagnostic participatif genre, mené par ACK International, pour le projet EFOR.
