Rafika la fromagère et sa success-story

Après une formation en droit passée en 2000 j’ai vu que les débouchés restaient compliqués en Tunisie.

J’habite dans une région en Tunisie qui est très fertile et j’ai une forte attache à la terre. Comme je ne trouvais pas de travail dans mon domaine, je me suis tournée vers l’agriculture et la production de lait presque par hasard. 

Un jour en 2003 je suis tombée sur un article dans le journal sur un grand projet de chaînes de valeur qui allait être mis en place dans ma région autour de Béjà. Ce projet était financé par Danida (Aide au développement danois) et le projet était suivi par Seges, une organisation danoise regroupant les agriculteurs du Danemark. Ayant tout essayé niveau professionnel en relation avec mes études, je me suis dit que je n’avais plus rien à perdre. Mon mari et ma famille m’ont soutenu autant moralement comme financièrement.

J’ai donc présenté mon projet de production de fromage, monté un business-plan et obtenu un prêt de la banque. Le tout à pris dans l’ensemble  3 ans avant d’arriver à la mise en place de la fromagerie.
Le chemin n’a pas été facile, car les procédures sont longues et par des moments j’avais très peur car j’avais beaucoup investi et il m’a fallu être persévérante.

Les ingénieurs danois sont venus à plusieurs stades du projet et ont pu m’aider sur les aspects techniques. Il était intéressant de travailler avec ces experts ayant une forte connaissance dans le domaine.

Aujourd’hui je suis fière de ce que j’ai pu faire. J’ai construit  une laiterie moderne qui collecte aujourd’hui 700 litres de lait par jour comme début (la capacité réelle est 3 000 l de lait par jour), collectés dans 8 fermes dans les alentours. Le lait est contrôlé chez chaque producteur avant d’être mis dans des camions frigorifiques. Le producteur de lait est payé en fonction du volume et la qualité du lait.

Je produis 70 kg de fromage par jour comme début alors que la capacité de la fromagerie est de 300 kg par jour. J’ai dû adapter la taille des fromages en fonction des consommateurs. Malgré le fait que le fromage de pâte dure ne fait pas partie des produits consommés habituellement en Tunisie, j’ai su vendre ce produit à des Tunisiens.

Actuellement j’emploie 9 personnes dans la fromagerie et  1 dans le magasin de vente. Ce nombre peut être multiplié pour atteindre 20 ouvriers lorsqu’on arrive à collecter 3 000 l de lait par jour. Dans cette chaîne il y a également au total 15 personnes impliquées, de près ou de loin.

Le hasard a bien fait les choses. J’ai beaucoup appris avec ce projet. Maintenant je suis heureuse et épanouie de produire du fromage. J’ai pu compter sur ma famille pendant toute cette période et en plus j’ai créé des emplois.